Les lecteurs les plus assidus savent que je concocte des examens pour des titres d’état (mastères en Stratégie Digitale). Le dernier en juillet était sur Qwant et l’Open Internet Project. Quel rapport avec l’information du jour l’Allemagne demande à Google son algorithme ?… Découvrons-le ensemble 🙂

Qwant ? Mais quel rapport avec Google ?

NDRL : roulement de tambour, une partie du sujet 😉
La société Qwant, créée en 2011, a lancé en 2013 son moteur de recherche. Pour la presse spécialisée, Qwant est considéré comme le moteur de recherche français à la sauce sociale. Sa version actuelle, ouverte au public, est en version bêta. Il propose pour l’instant ni service payant, ni webmail. Cinq cents millions de recherches ont été formulées sur Qwant depuis le début de l’année. Google gère 1 200 milliards de requêtes annuelles.
Mi-juin 2014, le groupe d’édition allemand Axel Springer est entré au capital à hauteur de 20 %. Il souhaite développer la société à l’international. L’investissement, dont le montant n’est pas communiqué, serait entre 5 et 8 millions d’euros. Ce nouvel actionnaire, fin juin, déjà propriétaire en France d’Auféminin, de Marmiton.org, de SeLoger.., a acheté lacentrale.fr et Caradisiac.
L’entrée du groupe Springer est une volonté de son président, Mathias Döpfner. Ce dernier a écrit une lettre ouverte, publié dans un journal allemand, à Eric Schmidt, directeur exécutif de Google. Il se plaint des pratiques du moteur de recherche. Il vient d’ailleurs de lancer l’association Open Internet Project ; 400 acteurs du numérique en font partie. Ensemble, ils ont porté plainte contre Google pour abus de position dominante.
Pour Qwant, c’est un changement d’échelle. Suite à cette entrée au capital, Qwant vient d’annoncer l’embauche de 25 personnes d’ici la fin de l’année et deux cents d’ici fin 2018. Le siège est à Paris ; les équipes opérationnelles dont la R&D sont à Nice.

Mais quel rappport ?
Les chefs d’entreprise unissent leurs forces pour développer un nouveau moteur de recherche. Des tentatives étatiques ont eu lieu précédemment sous les railleries, mais là ce ne sont plus les états qui s’inquiètent, mais les acteurs économiques et tous leurs salariés qui se demandent si le changement d’algo va générer leur licenciement.

Ils ont peur pour leur CA et alors ?… L’impact sur l’emploi, votre emploi :!
Et oui…Imaginons un cas
La société A a chaque mois besoin d’un budget pub de 20€, de 55€ pour payer ses investissements (bureau, ordi…), impôts et les salaires de tout le monde (y compris le stagiaire du fond). A cela s’ajoute son stock, 20€.
Via la pub, elle génère 40€ de revenus. Le reste provient du référencement naturel : 60€. Elle atteint donc un CA de 100€, elle a une marge de 5 €.
Et boum, l’algorithme de Google change.
Elle perd ses positions. Le CA via référencement naturel n’est plus de 60€ mais de 35€.. Qu’est-ce qui se passe ? Et bien, son CA n’est plus que de 75€ (40€ via la pub + les 35€). Elle doit donc retirer 20€ de dépenses et cela ne peut être la pub, vu que son référencement naturel s’écroule… Et oui, il ne reste plus qu’à virer le stagiaire du fond (je plaisante, aucun stagiaire ne touche 20€…), on va donc virer Martine de la compta et Youri du service marketing :!
Pour tous ceux qui ignorent l’impact sur l’emploi de ces changements => un exemple, Twenga licencie 50 personnes en 2011

Google et son algo

L’abus de position dominante est donc au cœur des débats de toute entreprise digitale. Open Internet Project regroupe les acteurs du numérique, pieds et poings liés devant les changements d’algorithme de Google. Les internautes n’ont pas encore pris conscience du souci et utilisent avec bonheur Google.
La dernière variation de l’algorithme fait encore grincer des dents et même les nôtres : nos plateformes ont perdu 20% de leur trafic début août alors que notre stratégie de réf est douce. Depuis, elles oscillent comme des petits tonneaux portés par un fleuve qui ne sait plus dans quelle direction aller. Google semble changer constamment : nous étions de nouveau en hausse en début septembre (sans action de notre part), puis une petite baisse et enfin encore une hausse… Où est le Nord ? Comment stabiliser le business d’une société digitale sur ce cours d’eau furieux, qui n’a plus qu’un seul souhait : que les internautes restent sur son interface et surtout n’aillent pas ailleurs… (cf. tous nos articles google)

L’Allemagne aura-t-elle gain de cause ?

Google a déjà dû revoir ses pages de résultats. Les acteurs digitaux sont furibonds, suite à la place de plus en plus petite que leur laisse Google. Pour trouver un vol, un hôtel, comparer, il y a toujours un service Google (oui, je parodie une pub).
L’Allemagne a fait payer 145 000 euros d’amende en 2013… Petit bras ? Actuellement, se négocient les amendes infligées par la Commission européenne, elles pourraient atteindre 10 % du chiffre d’affaires annuel du groupe. D’où les preuves de bonne volonté de Google : le fonds pour les éditeurs, la possibilité de retirer les cookies de suivi pour sa régie pub et son outil d’analyse statistiques …
Revenons à l’algorithme
Le coca-cola doit être analysé par les services de vérification alimentaire avant d’être vendu dans un pays et la recette est inconnue du grand public. Les experts seront sans doute informés du calcul, mais ce dernier change constamment. A peine, Google aura-t-il confié sa méthode de calcul qu’elle aura de nouveau changé… La recette de coca nécessite du temps, des experts culinaires, refaire des tests consommateurs, celle de Google juste d’appuyer sur des petits boutons magiques et d’analyser le taux de retour des internautes sur le moteur. Les data analystes Google se feront aussi le devoir de mesure la corrélation entre le taux de mécontentement des décideurs numériques et taux de croissance de CA de Google Adwords. Mais cela finira bientôt… Avec mon four connecté, je ne vais plus sur Google… je reçois l’information apportée par mon majordome Google selon mes habitudes alimentaires… Bientôt, chez vous…